Au début, il y a les convictions et les grands principes. Je suis d’un naturel optimiste, légèrement insouciante et avec une sensibilité écologique importante (certains osent même me traiter d’utopiste).
Pour vous illustrer la chose, ça donne des phrases comme ça :
- “Pour les fenêtres, je vais les prendre en bois c’est sûr. Le châtaignier en plus c’est local !”
- “La laine de verre ? Trop toxique et il y a maintenant des alternatives efficaces et écologiques”
- “Les toilettes sèches c’est l’avenir. Franchement tout le monde devrait avoir ça chez soi »
Vous le voyez venir, le mur ?
J’ai cherché des informations sur des sujets que je connaissais peu ou pas du tout : devis et rencontre avec les artisans, recherche internet et tutos Youtube en tout genre. Je vous partage ici les quelques enseignements et directions prises.
Les réalités économiques
Au niveau économique, l’idée selon laquelle les solutions les plus écologiques sont les plus chères s’avère assez juste : les matériaux ou solutions écologiques ont souvent un coût plus élevé à l’achat et à la mise en œuvre.
Et c’est même la double peine avec les mécanismes d’aides. Les subventions fonctionnent sur un rythme lent. Les solutions doivent avoir été testées, approuvées avant d’être référencées et subventionnées. Adieu donc le soutien financier pour les solutions innovantes ou les pétassages low-tech maison*.
* Je vous promets ce mot existe, mais bon c’est du patois ardéchois (cf. la première édition de la newsletter) doublé d’un anglicisme de ‘basse technologie »
💧 Par exemple les chasses d’eau 3/6L sont subventionnées (le béaba de la réduction du gâchis d’eau potable) alors que d’autres solutions plus engagées mais toujours « simples » ne le sont pas (recyclage des eaux ménagères par exemple).
Les réalités pratiques
Le monde est nuancé et c’est le cas aussi pour les sujets très techniques. Par exemple, concernant l’isolation, des nouvelles notions arrivent sur le devant de la scène (perspirance*, déphasage…). Elles s’ajoutent aux précédents paramètres connus sans les mettre forcément à la poubelle (de tri 🙊 ). C’est très dur de se faire une opinion et très facile de passer beaucoup de temps à cogiter.
* Je vous promets ce mot existe vraiment aussi.
Enfin, de manière très pragmatique, il n’est parfois pas possible de réaliser la solution choisie. Soit parce qu’il n y a pas les matériaux disponibles, soit parce que les artisans ne sont pas prêts techniquement ou psychologiquement.
Quand j’ai parlé d’installer des toilettes sèches dans l’ensemble des bâtiments, la réaction de ma famille était assez mitigée… 😅 Dans le genre têtu, j’ai quand même construit un prototype avec des matériaux de récupération, mais il ne sert que pour l’extérieur. Pour tester la version finie, il faut venir sur place !
Et enfin, les critères esthétiques ! Nous souhaitons avoir un rendu harmonieux et authentique. A une extrême, il y a les architectes du bâtiment de France qui font primer l’authenticité aux critères de confort et de rénovation énergétique. D’un autre côté, il y a les modernités qui semblent indispensables (coucou la climatisation)…
Entre les deux, une myriade de possibilités. C’est un jeu d’équilibriste entre l’évolution et la conservation des bâtiments dans lequel interviennent bien entendu les précédents paramètres…
Que faire alors ?
Bien sûr, il y a les jusqu’au-boutistes, prêts à tout pour leurs convictions et qui ont toute mon admiration. Certains arrivent à mettre l’écologie au-dessus du porte monnaie, quitte à réaliser tout eux mêmes. Twiza, une plateforme de chantier participatif, est une bonne source si vous cherchez l’inspiration.
Et il y a d’autres individus, dont je fais partie, qui essaient de faire de leur mieux dans un contexte particulier. On essaye donc d’être le plus pragmatique et respectueux de l’existant.
🤝 Parfois, on a de la chance et l’écologie et l’économie s’accordent. Les équipes de maçons ont refait un linteau avec une marche d’escalier qui avait été récupérée sur place par mon grand-père (photo à l’appui). Les exemples à découvrir sur place sont nombreux.
Parfois, on arrive à installer des nouvelles pratiques. L’assainissement des eaux usées sera réalisé grâce à une phytoépuration.Cc’est un système de filtration qui se fait par les plantes. Les eaux usées, une fois traitées, s’infiltrent dans les zones naturelles environnantes. Pas de stockage d’eau ni d’utilisation de produits chimiques. Si vous voulez en savoir plus, Aquatiris pourra vous renseigner sur le sujet.
Parfois, on se résigne et on fait des choix les plus pragmatiques. J’aurai adoré isoler les murs par l’intérieur en chaux-chanvre. Je suis convaincue que c’est une bonne solution pour les vieilles bâtisses mais nous avons fait des choix plus conventionnels à ce niveau.
Nos engagements se déclinent aussi dans le second œuvre, l’ameublement ou les usages du lieu…